Je viens d’un quartier.
Un quartier où j’ai grandi modiquement avec mon frère et ma mère.
Un quartier en haut de la Montée Paiement où j’ai pu, du haut du 2e étage de l’appartement où j’ai grandi, profiter des merveilleux couchés de soleil sur les collines du parc de la Gatineau, et où j’ai pu voir une des dernières fermes (Scullion pour les curieux) encore au sud de la 50 exister, et préserver le plus beau des héritages.
Cet héritage, on ne le considère plus trop dans notre monde bitumisé. On le considère comme étant salissant, on transporte difficilement des marchandises dessus, il y a pas de maisons dessus et, en plus, le pissenlit y pousse!
Cet héritage, c’est le sol. Un sol agricole, fertile et qui n’a pas encore connu l’étalement urbain. En fait, il l’a connu… Depuis mon enfance, il y a un centre commercial qui y est apparu, un concessionnaire de voitures de luxe (à très haute valeur sociale soit dit en passant! ... ?) et un développement résidentiel. Ces actions ne sont, selon moi, que le résultat d’une vision pour la ville qui date du siècle dernier. Où un quartier ne pouvait pas avoir diverses utilités, et où chaque secteur d’activité devait se faire dans son coin. Sauf que là, on s’égare un peu trop de l’objectif de ce texte.
Je suis d’avis que le sol, non seulement constitue un héritage formidable qui se doit d’être valorisé. L’agriculture est, selon moi, une des meilleures façons de protéger et valoriser cet héritage. Elle a sa place en ville et devrait avoir une place plus importante dans notre vie et dans notre conception du territoire.
L’agriculture urbaine est une solution simple pour régler plusieurs problèmes sociaux, environnementaux et économiques. D’ailleurs, je vous réfère à quelques textes si vous voulez en savoir plus
[1][2][3][4]. Environnementaliste et éco-anxieux depuis mon adolescence, je crois que c’est dans les solutions simples que l’on peut régler les problèmes les plus complexes, comme les changements climatiques.
L’agriculture urbaine peut prendre plusieurs formes et peut être appliquée à différentes échelles. Je vais vous présenter cinq différentes façons d’intégrer l’agriculture urbaine chez vous!
Le potager
Le premier et le plus évident, le fameux potager à la maison!
Qu’il soit en pot, en bac, en pleine terre, suspendu en jardinière, en avant ou en arrière, le potager pourra vous fournir fruits et légumes pendant la saison chaude.
Voici 10 trucs pour bien partir votre projet maison :
- Trouvez l’espace avec le plus d’ensoleillement pour installer votre potager. Cherchez au MINIMUM 6h de soleil par jour.
- Évaluez votre budget et faites un projet réaliste. Que le projet soit en plein sol ou en bac, très peu de projets pourront se réaliser en bas de 200$-300$, même si vous le faites tout seul.
- Évaluez le nombre de temps que vous voulez mettre sur votre projet. Peu importe sa taille, garder en tête qu’on parle d’au moins 20min par jours pour l’irrigation et un petit suivi de base.
- Évaluez vos connaissances et commencez avec des plantes simples. Année après année, vous allez vous familiariser avec certaines plantes et pourrez agrandir vos connaissances avec le temps.
- Soyez constant! Un jardin demande une routine, surtout lorsque l’on parle d’irrigation. À cet effet, il est préférable d’arroser le matin et de vous référer aux normes locales en ce qui a trait à l’irrigation.
- Faites une analyse de sol annuel. Pourquoi? Pour savoir avec quoi vous travaillez. Vous allez ainsi pouvoir fertiliser vos plantes en conséquence et augmenter vos chances de succès.
- Réduisez au minimum le travail du sol. Un sol trop souvent retourné perd non seulement sa structure, mais aussi toute sa microfaune et sa microflore, tous deux responsables de la bonne santé du sol. Un sol en santé va donner des plantes en santé.
- Si vous pouvez, faites des rotations de cultures pour réduire les risques de propagation de maladies et d’insectes néfastes.
- Seule une petite fraction des insectes sont réellement néfastes. La majorité est bénéfique et primordiale pour avoir un potager en bonne santé.
- Privilégiez les sources de fertilisants organiques : fumier, compost, résidus de culture. Pourquoi? Simplement puisque les fertilisants organique vont augmenter la fertilité de votre sol, alors que les fertilisants synthétiques, eux, ne le font pas. Bien qu’il faille en mettre plus pour donner une même dose fertilisante à nos plantes, les fertilisants organiques vont augmenter la fertilité résiduelle du sol. Ainsi, votre sol deviendra de plus en plus fertile, simplement en utilisant du compost plutôt que du 20-20-20.
Plusieurs guides existent en ligne pour vous aider avec de genre de projets. Toutefois, assurez-vous bien de prendre des sources québécoises et non françaises! Pourquoi? Car eux peuvent sortir leur semi de tomates dehors en avril et nous… et bien il y a encore de la neige à cette date!
Voici quelques liens vers diverses sources québécoises, dont une d’un organisme local (Gatineau) pour qui je travaille et qui œuvre en agriculture urbaine, à savoir Horti-Cité :
Planter des arbres et arbustes fruitiers
Planter un arbre est un des plus beaux cadeaux que l’on peut faire à nos enfants.
Cinq petits trucs pour bien choisir ses arbres :
- Assurez-vous de prendre des arbres et arbustes qui poussent dans notre climat! On se réfère à la zone pédo-climatiques (un gros mot pour dire « Y-fa frette comment l’hiver! ») pour ça. Le modèle canadien part de 0 (étant le pergélisol) et augmente ainsi : 1a, 1b, 2a, 2b et ainsi de suite. « a » étant toujours plus froid que « b », et 1 étant plus froid que 2. À Gatineau, nous sommes en zone 4a-b.
- Faites une analyse de sol afin de vous assurer que votre sol est assez fertile et qu’il a la bonne texture pour ce que vous voulez planter.
- Trouvez un espace bien ensoleillé et qui peut aussi accueillir l’arbre à maturité.
- Arrosez-le sur une base hebdomadaire la première année et bimensuelle pour les deux années subséquentes. Cela va favoriser un bon établissement de l’arbre.
- N’enterez pas le collet de l’arbre lors de sa plantation, et coupez les racines en spirales avant de le mettre dans son trou.
Semer des couvres sols écologiques
Bien que je préfère personnellement la production d’aliments à partir du sol, un peu de beau et d’utile n’a jamais fait de mal à personne!
Semer des alternatives au gazon permet, entre autres :
- De réduire le temps d’entretien, car les plantes semées poussent rarement au-delà de 20cm de haut.
- Donner de la nourriture aux pollinisateurs.
- Aide à protéger la biodiversité.
- Favorise une meilleure santé du sol et une meilleure rétention de l’eau.
Si le sujet vous intéresse plus, je vous invite à lire cet article:
L’apiculture
Créer l’écosystème pour les pollinisateurs via notre potager, nos arbres et nos aménagements est quelque chose, mais aviez-vous déjà pensé avoir une ruche d’abeilles chez vous?
Pour tous ceux et celles qui veulent avoir des abeilles à Gatineau, je vous recommande à
Apicentris. C’est l’OBNL qui se charge de ce mandat pour la ville de Gatineau.
Je vous invite à aller voir leur site et de les contacter si l’apiculture est quelque chose qui vous intéresse! Ils offrent autant les formations, la location du matériel, l’achat de reines et même l’imagerie thermique pour voir si la ruche a survécu à l’hiver, et ce, sans la déranger!!
L’élevage urbain
Les poules sont acceptées à Gatineau!!! Chaque adresse peut avoir jusqu’à 5 poules chez eux. Si ce genre de projet vous intéresse, je vous invite à aller voir le site de Poules Gatineau à l’adresse suivante :
http://www.poulesgatineau.com/
« Poules Gatineau est un organisme à but non lucratif qui encadre, soutient, et met en valeur l’élevage des poules pondeuses à des fins d’activités récréatives et éducatives dans le cadre du projet des petits élevages urbains de la Ville de Gatineau. Cette activité est axée sur le bien-être et la santé des poules. »
Du petit gars qui comprenait son mode à l’échelle d’un quartier, je suis maintenant un adulte qui a une vision pour sa ville et qui se donne les moyens pour les réaliser. L’agriculture urbaine est ce moyen et Gatineau est mon terrain de jeu avec mes collègues d’Horti-Cité.
Au plaisir!
Yannick Robert
Chargé de projets et fondateur d’Horti-Cité.
Sources
[1] AYALON, rotem, 12 effets positifs de l’agriculture urbaine sur les collectivités, en ligne, https://centdegres.ca/magazine/amenagement/12-effets-positifs-de-lagriculture-urbaine-sur-les-collectivites/
[2] MAPAQ, Agrculture urbaine, en ligne, https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/Agricultureurbaine/Pages/Agricultureurbaine.aspx
[3] Collectivités viables, Agriculture urbaine, en ligne, http://collectivitesviables.org/articles/agriculture-urbaine.aspx
[4] AU-Lab, en ligne, http://www.au-lab.ca/
https://cbdacbd.com/mississippi/
https://vulcan-online.net/